J’aurais aimé parler avec vous de littérature. Du romancier Vassili Grossman par exemple et de son œuvre majeure « Vie et Destin ».
J’aurais aimé voyager avec vous et Alexander Borodine dans « Les steppes de l’Asie Centrale ».
J’aurais aimé m’allonger à vos côtés, à même le sol de l’Opéra Garnier, pour élever nos regards vers le plafond de Marc Chagall.
J’aurais aimé partager avec vous les fulgurances d’un Sylvain Tesson devant le dégel du lac Baïkal…
J’aurais même aimé chanter avec vous : Alla Pugacheva, Vladimir Vysotsky, Anna Nebrebko, Victor Tsoï, et tant d’autres…
J’aurais aimé vous emmener en balado roulotte pour suivre les troupeaux de rennes des peuples de Sibérie pour qui le russe est une langue étrangère… Ah, la langue russe et ses déclinaisons, ses trois genres, ses phrases où la place des mots n’a pas vraiment d’importance mais où un accent mal placé peut en changer le sens, et cet alphabet si drôle tant il est à vos yeux biscornu.
J’aurais aimé vous parler du théâtre de Tchekov. Et des choux dans mon potager, avant le gel.
J’aurais aimé vous dire mon bonheur de m’endormir dans les bras de… mais ça c’est perso !
J’aurais aimé, etc, etc, etc. Mais je n’y parviendrai pas.
Je suis à l’instant un gamin qui fuit son pays, qui a peur des hommes sans visages et qui voudrait vieillir.
Je suis un gamin qui déserte, tout simplement.
Messages
1. Le déserteur., 14 octobre 2022, 15:29
Superbe et tellement émouvante cette balade troïka du déserteur russe qui aurait tant aimé vivre cette surprenante et enrichissante balade.
J’ai beaucoup aimé.
Bon courage pour la suite ; ce n’est pas le moment de déserter l’antenne de culture 5.