Dans sa dernière publication, le site d’Amnesty International (amnesty.fr) a publié un article intitulé : « Iran : de la flagellation à l’amputation ». Article dans lequel sont passés en revue les principaux châtiments corporels infligés en guise de sanction pénale.
Passons sur l’horreur de ces sévices et arrêtons-nous sur un détail qui ne cesse depuis sa lecture de m’interroger.
Dans la ville de Robat Karim, près de Téhéran, se déroulait une fête mixte pour célébrer des fiançailles. La police est intervenue et a embarqué tous les invités au commissariat en saisissant au passage les bouteilles d’alcool. Oublions les détails musclés des interrogatoires et venons-en aux condamnations : chaque prévenu a été condamné à recevoir 74 coups de fouet.
Y’a pas un détail qui vous interpelle ? L’irruption dans une fête privée des forces de sécurité ? L’interdiction de boire de l’alcool ? L’interdiction de faire la fête garçons et filles ensemble ? Non, non. Tout iranien devrait savoir que c’est interdit dans cette république islamique.
Ah ! Les coups de fouets ! C’est plus embêtant, mais bon, c’est écrit dans la loi des religieux et nul n’est censé ignoré la loi.
Non, ce qui pose question c’est le quantum de la peine (pour causer comme un juriste).
74… coups de fouet. Comment le juge a t-il fixé ce nombre ? 74, c’est précis.
Si on condamne quelqu’un à un temps de prison, on connait l’unité de mesure, c’est la mesure du temps.
Si on condamne quelqu’un à une amende, on connait l’unité de mesure, c’est la monnaie en cours.
Mais les coups de fouet ?
Quelle est le calcul qui permet de fixer le nombre de coups de fouet en fonction de la gravité de l’infraction (toujours au vu de la loi de cette grande république islamique).
Dans le cas relaté par Amnesty International, 74 c’est pas 73 ou 75 !
Autrement dit, et je pose la question : quelle est l’unité de mesure du nombre de coup de fouet ?
Tout ça n’est pas très clair et je suis déçu que dans ce domaine les juges iraniens ne soient pas aussi rigoureux et précis que sur le quantum de la peine infligée à nos joyeux fêtards : 74 coup de fouet chacun !? Ou, autre exemple, 459 coups de fouet pour le journaliste Mohammad Reza Fathi qui a écrit un article qui ne plaisait pas. Etc, etc.
Et bien parfois amis auditeurs, et même si c’est intellectuellement pénible, il faut accepter l’incompréhensible : nous ne saurons jamais comment les juges iraniens fixent le nombre de coups de fouet…
Pour conclure, et c’est dur à admettre maître, ils faut imaginer qu’ils se la jouent au 4.21 ou au bingo québécois ou encore à nos bons vieux lotos de nos campagnes franchouillardes où, absurdité iranienne contre absurdité hexagonale, il est désormais interdit de pratiquer la chasse sous l’emprise de l’alcool ou de stupéfiants… sous peine d’amende ou de coups de fouet… mais combien ?
Il est des absurdités qui font rire un peu, et d’autres beaucoup moins.