Le héron et les grenouilles
Sous l’ombre d’un héron qui survolait l’étang,
Les grenouilles ont senti le danger imminent.
Elles ont aussitôt cessé de coasser,
Cachant sous les roseaux leurs têtards apeurés.
Pas question de livrer bataille au volatile
Pour qui le batracien est une proie facile,
Mais pas question non plus de lui laisser penser
Qu’il pouvait, sans problème, ici bas, se goinfrer.
Alors pour couper court à ses agissements,
Les grenouilles ont opté pour un enlisement.
Parsemant le marais d’appâts, leurres alléchants,
Elles amenèrent l’intrus jusqu’aux sables mouvants.
Il y posa la patte. Quelle ne fut sa surprise
Lorsque tout doucement, s’enfonçant dans la lise,
Il laissa tout son corps et son cou et son bec,
Dans le piège mortel qu’il avait crû bien sec.
Contre tous les tyrans qui, de pouvoir abusent,
Ne restent que le calme, la prudence et la ruse.
Poutine ferait bien quelquefois d’y penser,
La violence ne peut rien contre la volonté
D’un peuple qui se bat, défend sa liberté.