Construire une émission et la proposer à l’écoute chaque vendredi obéit à un besoin récurrent de se rappeler au bon souvenir des auditeurs. Qui sont-ils ? Quel est leur nombre ? Quelles sont leurs réactions et y en a-t-il même ? Très franchement, nous n’en avons aucune idée précise ou alors que des impressions qui fluctuent au gré de nos humeurs. Rien en tout cas de très solide sur quoi nous appuyer. Alors, d’une semaine à l’autre, nous remettons le couvert avec une certaine obstination comme si il nous était impossible de faire autrement. Et il n’y a en plus, pour nous aucune nécessité matérielle à continuer de semaines en semaines, puisque nous sommes bénévoles.
Alors ça va chercher où ce besoin d’écrire, d’enregistrer et de mettre en ligne ?
Allez, un peu d’introspection !
Je me demande si ça na va pas chercher du côté de la nécessité de laisser des traces. Des traces de vie, tout simplement. Au moment où l’auditeur entend l’émission, les chroniqueurs ne sont plus là. Ils ne nous auront laissé de leur présence que des traces sonores. Comme des pas sur la neige. Et en les écoutant, et en les ré écoutant puisqu’il est question de podcasts, nous marchons dans leurs pas, nous faisons le chemin à l’envers en voyageant dans leurs propres pensées,.
Donner à entendre, c’est ça, c’est laisser des traces. C’est mettre à dispositions de tous des voyages intimes. Une manière d’envoyer aux quatre vents des « myosotis », des « ne m’oubliez pas » ! Toutes ces traces enregistrées ne seraient-elles que des mots d’absence ? D’absence provisoire puisqu’on se retrouvera la semaine prochaine.
Dans Culture 5, les traces, les mots des chroniqueurs portés par leurs voix, on les disperse, on les ventile façon puzzle. Dans Culture 5 on sème, on « sème à tout vent ».
Mais au fait, comment entendons-nous « on sème » ?
On « s’aime » ou on « sème » ?
Bernard LAURENT