Bon courage Mister Joe !
Il y a eu la muraille de Chine qui était sensée arrêter les envahisseurs mongols. Elle est devenue un monument touristique visible de la lune, parait-il. Il y a eu le mur de Berlin, sensé protéger le monde socialiste à l’est des capitalistes à l’ouest. Il n’en reste rien à part quelques morceaux de béton. Il y a le mur entre Israël et les territoires palestiniens. Cela n’a rien changé sur le fond dans les conflits au Moyen Orient.
Et il y a le fameux mur sur la frontière entre le Mexique et les Etats Unis qui n’en finit pas d’être achevé et qui ne sert à rien, sauf à avoir nourri la propagande de Donald : « God blesse Mr président », mais très légèrement. On n’est pas des sauvages.
Tous ces murs, et j’en oublie surement, ont été inutiles et ont été ou serons voués à disparaitre. Mais, il en restera la trace mémorielle et symbolique. Restons aux Etats-Unis. Joe Biden est à son poste mais le pays est fracturé entre ceux qui ont cru au bonimenteur en chef et ceux qui veulent rester dans le consensus démocratique, certes instable par nature, mais qui a au moins l’avantage d’organiser la société autour du débat et du vote.
Cette fracture de la société américaine a son symbole : c’est « la ligne Mason-Dixon ».
Charlie Mason et Jeremiah Dixon étaient deux géomètres anglais qui, à la fin du 18ème siècle, ont été chargés de tracer une ligne de séparation entre les états esclavagistes du Maryland au sud et les états abolitionnistes du Delaware et de la Pensylvannie au nord.
Cette frontière interne était sensée empêcher les esclaves noirs du sud de se réfugier au nord et jusqu’au Canada. Plus de deux cents ans plus tard, cette symbolique de la fracture de la société américaine reste bien réelle entre, schématiquement, les suprémacistes blancs d’un côté et le reste de la population plus ou moins colorée de l’autre.
Ainsi quand, pour des raisons de pouvoir et d’argent, on sépare en deux une société, il en reste toujours quelque chose, tant que l’on n’a pas réglé les conflits entre les protagonistes. Le symbole et le souvenir des murailles, des murs, ou des simples lignes de démarcation survivent à leurs auteurs, sauf quand un artiste en fait une chanson magnifique.
« Sailing To Philadelphia », par Mark Knopfler. Il fait dire à Charlie Mason et Jeremiah Dixon : « How can America be free ? ». Comment l’Amérique peut-elle se libérer ? Bon courage Mister Joe !
Bernard LAURENT