Finalement un tiroir, qu’est-ce ?

Alliant la métaphore poétique à l’ébénisterie, j’ai demandé à mes dévoués balado diffuseurs et bénévoles d’exercer ce qui leur reste de talent en prenant comme axe central de leurs pensées évanescentes le mot « tiroir ».

C’est, selon la définition du dictionnaire, « un compartiment mobile s’emboîtant dans un meuble en glissant sur deux traverses », qui se « tire », se pousse ou se ferme au moyen d’un bouton, d’une clef ou d’un anneau. Bureaux, commodes, secrétaires, buffets et tables sont équipés de tiroirs. Longtemps fabriqués en bois massif par les ébénistes, ils sont maintenant en contre-plaqué voire en matière plastique.

Ce soir au fond du tiroir de la commode, Aristide retrouve une partie de sa collection de vieux Tintins : au Tibet, au Congo, ou au Pays de l’Or Noir. Quinze années avant Neil Armstrong et Buzz Aldrin, les lecteurs d’Hergé pouvaient, eux, dès 1954 poser le pied sur la lune.

Dans une petite boite de carton : une paire et demie de bouchons d’oreilles constitués d’une bourre de coton enveloppée d’un film plastique (bleu). Une enveloppe contenant des photos d’anniversaire. Une pièce de vingt centimes. Encore quelques débris de plastique. Et de la poussière... Je remets tout cela en vrac et referme le tiroir. J’ai convenu avec moi- même de le ranger plus tard.

Une fulgurante ascension sociale amena le tiroir, c’est peu banal, dans le bureau d’un riche ministre. Là, grisé par les ors du pouvoir,s’estimant intangible en son perchoir, il décida de n’admettre en son sein que des documents dignes d’un blanc-seing présidentiel, refusant de s’ouvrir, sauf pour, à la rigueur, accueillir Les discours de la reine, du roi, ou de tout autre prince de son choix.

Un beau jour, Ti eut l’idée d’utiliser un tronc creux pour ranger ses fragments de silex, histoire de gagner du temps (déjà !). Les cavernicoles effrayés croyaient entendre le rugissement des fauves nocturnes quand il trainait sur le sol irrégulier de la caverne son morceau de tronc creux : (rouar !). Ainsi, les cavernicoles maudissaient le « ti-rouar ».

Le Ti en sortant tous les jours son tronc tiroir s’est usé à un tel point les pieds qu’ils se sont transformés en moignons. Ses dents étaient des crocs de tigre qui lui permettaient de tirer le tronc tiroir pendait qu’il rampait avec l’aide de ses bras. Cette situation très particulière amena ses sœurs et frères en à le surnommer "croc-moignon".