Editorial du 07/05/21
Il est interdire d’interdire.
Vous vous souvenez de ce slogan des années soixante… tellement séduisant mais tellement dangereux. Interdire d’interdire, c’est exactement la représentation complètement dévoyée de la liberté. C’est la base psychologique de tous les psychopathes. Toutes les entraves à mes désirs m’étant insupportables je fais ce que je veux pour qu’elles disparaissent et les conséquences pour les autres n’ont à mes yeux aucune importance.
Il est cependant un domaine où toutes les interdictions peuvent être transgressées. C’est le domaine du jeu. Jouer au gangster c’est être gangster mais pour de faux.
Dans le jeu, toutes les règles sont permises puisqu’elles sont au service du jeu lui-même. Alors tant qu’on joue, on peut tout se permettre, le seul risque étant de perdre la partie, ce qui est sans conséquence en dehors du jeu lui-même.
Il est cependant quelques domaines où jouer peut être réellement dangereux. Par exemple le jeu électoral. C’est curieux d’ailleurs de parler de jeu quand l’enjeu est le fonctionnement d’une société.
A maintenant une année de la prochaine élection présidentielle, nous assistons au début du jeu politique pour gagner l’Elysée. La règle du jeu électoral étant codifiée par la loi, on peut supposer que tous les candidats respecterons les règles électorales.
Mais à l’instar des jeux, par exemple des jeux de société sans conséquences pour la collectivité, le jeu électoral revêt lui un enjeu de société.
Quand on joue, on peut s’amuser à se faire peur, mais quand on vote on aborde un rivage où jouer peut être dangereux. Mais il n’est toujours pas question d’interdire de jouer.
Quand on voit certains sondages très favorables à la fille de son père, et bien en votant pour elle, le jeu deviendra carrément dangereux car c’est la démocratie qui sera en danger. Il n’est pas question de lui interdire quoi que ce soit par la loi, mais notre vivre ensemble impose que l’on ne joue pas, en l’amenant au pouvoir, à des jeux moralement interdits.
Bernard LAURENT