Leur monde au début avait été aride.
Peu à peu la vie l’avait envahi.
D’abord quelques molécules
s’organisant, se rencontrant,
puis cellules
se divisant, se multipliant.
Ensuite organismes complexes
se diversifiant, s’entre-dévorant,
s’adaptant ou disparaissant.
Chacun portant dans son intime,
infiniment petit,
le souvenir du passé inscrit
dans son acide désoxyribonucléique
mais déjà l’ignorant totalement.
Les êtres qu’on dit évolués
avaient proliféré et inventé
des stratégies de survie
des stratégies d’alliances
et de développement.
Ils avaient conscience
de leur passé et de leur avenir.
Ils connaissaient aussi
ce qu’ils avaient été
avant d’être eux-mêmes.
Profond en eux le souvenir
de l’être antérieur se logeait,
de celui qu’on est
avant de naître.
Ils avaient l’espoir à nourrir
de ce qu’ils seraient après mourir.
Naître, être, renaître
et s’en souvenir.
Leur planète en ces temps
gravitait dans des confins
opposés aux trous de mémoire.
Le danger du phénomène
leur était inconnu.
Petit à petit, imperceptiblement,
le trou de mémoire se rapprochait,
les attirait, les aspirait
puis les happait.