Go fuck to sleep !

Nous sommes le 29 avril, et avant hier voilà la transcription de ce que j’ai entendu sur France Culture :
« Kharkiv, 2e ville d’Ukraine, est la capitale de l’industrie du livre dans le pays avec trois maisons d’édition et trois imprimeries. L’offensive russe a stoppé net l’activité. Mais ces dernières semaines, malgré les bombes et le pilonnage par l’armée russe, la culture tente de reprendre ses droits. C’est ainsi, qu’en ce mois d’avril, le lancement officiel de la publication d’un livre pour enfants a eu lieu dans un abri anti-bombes de la ville. Tout un symbole, car il s’agit du premier ouvrage publié en temps de guerre dans le pays. Il sortira à la fin du mois de mai. »
Fin de citation.
Mais quel est le titre de cet ouvrage ?
Attendez un peu. Pour l’instant je vous dirai seulement qu’il est la traduction d’un livre pour enfants, mais il est précisé qu’il ne faut pas le mettre entre leurs mains. Autrement dit c’est pour adultes.
C’est drôle, c’est jubilatoire. C’est un excellent exutoire pour tous les parents qui un jour ou l’autre ont ressenti, à l’endroit de leur progéniture, la tentation de les transformer en boulettes de couscous, en hareng fumé ou en viande boucanée, ça dépend des cultures.
Et à propos de culture, l’exemple ukrainien pourrait faire réfléchir ceux pour qui la culture ne serait d’aucune utilité en temps de crise et à fortiori en temps de guerre, et du côté de Kharkiv, la guerre on sait ce que c’est.
Quel pied de nez à la barbarie que d’éditer un livre pour ces anciens enfants que sont les parents ! Alors que de partout ça bombarde, ça viole, ça mutile et ça tue.
La culture malgré tout ! Au nez et à la barbe de l’envahisseur. Oh ce n’est pas une arme de destruction massive, même pas une arme de défense. Non. Mais, en l’occurrence, une arme de rire, de dérision et donc une arme de résistance, de cohésion d’une communauté …et de foutage de gueule pour ceux qui veulent l’anéantir, et que c’est bon de se moquer de son agresseur ! Surtout avec un livre.
Un livre pour adulte, donc pas pour ces enfants sur-armés qui croient encore que la force réside dans les cris et la fureur.
Un livre de dérision, un livre dont le titre est en lui même tout une stratégie de paix. Un livre en forme d’injonction affectueuse à l’endroit du chef du Kremlin.
Le titre ? « Go fuck to sleep » traduction : « Dors et fais pas chier », de l’américain Adam Mansbach.