émission du 30 avril 2021

vendredi 30 avril 2021

proposé par Bernard Laurent


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émission du 30 avril 2021

Editorial de :
  Bernard Laurent
publié le : 30-04-2021 - 29min52s

Un général à vendre, une boulangère à la retraite, des prétéritions et quatre bandes dessinées.




Les podcasts du mag


publié le : 30-04-2021 - 6min14s

A vendre, militaires de tout grade. Bon état. Soigneux. Gourmands et encore gaillards. Généraux en promo.


publié le : 30-04-2021 - 3min50s

Je vous dois toute la vérité. Je suis lavé, décrassé, frotté, savonné, décapé, désinfecté, propre, net, en un mot : sec. Totalement sec. Vraiment pas de quoi rire. Je ne sais pas quoi vous dire.


publié le : 30-04-2021 - 4min19s

Finis les commentaires sur la météo ! La boulangère rend son tablier.


publié le : 30-04-2021 - 4min35s

Château de Sable, de Frederik Peeter. Ces Jours qui Disparaissent, de Timothé le Boucher. Penss, de Jérémie Moreau. Les Filles de Salem de Thomas Gibert.




Editorial du 30 avril 2021

Mais que se passe-t-il ? A en croire une tribune publiée le 21 avril dernier dans un hebdomadaire national, la France serait en plein délitement ? Entendez-vous dans nos campagnes mugir ces hordes de banlieusards plus ou moins bronzés ?
C’est, en substance, ce que l’on peut comprendre de ce message envoyé au peuple français par des militaires plus ou moins gradés, dont une vingtaine de généraux plus ou moins étoilés, plus ou moins à la retraite mais qui continuent à rêver de « Rosalie, la baïonnette pas de Ninon » ! (cf les « invalides » de Georges Brassens)
Peu importe les raisons de leurs émois patriotiques, il faut sauver tous ces chefs d’œuvres en péril. Aussi je lance le #achète-un-général et je publie dans C5, un excellent magazine à peine de gauche, la petite annonce suivante :
« A vendre, militaires de tout grade. Bon état. Soigneux. Gourmands et encore gaillards. Généraux en promo. Rendez-vous place du marché à la première heure… y’en n’aura pas pour tout l’monde. »

Général à vendre. Francis Blanche

De bon matin me suis levé c’était dimanche
A la carriole j’ai attelé la jument blanche
Pour m’en aller au marché
Dans le chef-lieu du comté
Paraît qu’y avait des généraux à vendre

Mais le soleil écrasait tant la route blanche
La jument s’arrêtait si souvent sous les branches
Que lorsque je fus rendu
On n’m’avait pas attendu
Et tous les généraux étaient vendus

Pourtant là-bas tout au fond du champ de foire
Par un coup d’chance il en restait encore un
Il n’était pas couvert de gloire
Mais avec un peu d’ripolin
Il pouvait faire encore très bien

J’l’ai échangé contre un cageot de pommes pas mûres
Quatre choux-fleurs et une tartine de confiture
Tout ça pour un général
C’était vraiment pas trop mal
Et puis je l’ai chargé dans la voiture

A la maison on m’a fait des reproches amers
Encore une fois paraît que j’m’étais laissé faire
Un Général dans c’t’état
Ça valait beaucoup moins qu’ça
Mais puisque c’était fait tant pis pour moi

Et puis les gosses ont eu peur de sa moustache
Elle était rousse et ça les faisait pleurer
On lui a coupé d’un côté
Mais l’chien s’est mis à aboyer
Alors on a laissé l’autre moitié

Il fichait rien pour pas salir son beau costume
De temps en temps il épluchait quelques légumes
Ou réparait l’escabeau
Ou débouchait l’lavabo
Mais y n’savait même pas jouer du piano

Pourtant certains soirs, certains soirs d’été
Le Général s’asseyait sur la paille
Et les yeux perdus dans l’immensité
Il nous racontait ses batailles

Il nous parlait des Dardanelles
Quand il n’était que Colonel
Et de la campagne d’Orient
Quand il n’était que Commandant
L’épopée napoléonienne
Quand il n’était que Capitaine
Et puis la Guerre de Cent Ans
Quand il n’était que Lieutenant
Les Croisades et Pépin le Bref
Quand il n’était que Sergent-Chef
Et les éléphants d’Annibal
Quand il n’était que Caporal
Les Thermopyles, Léonidas
Quand il n’était que deuxième classe
Et Ramsès II, la première guerre
Quand sa mère était cantinière

Puis le Général jusqu’au p’tit matin
Déroulait le fil de son immense histoire
Puis il s’endormait sur sa botte de foin
Et nous sans parler
Nous rêvions de gloire

Il est resté comme ça chez nous
Jusqu’à l’automne
Sans travailler sans trouver la vie monotone
Ça nous a même étonnés
D’apprendre par le curé
Qu’il avait fait deux jumeaux à la bonne

Et puis voilà qu’par un beau matin
De décembre
Il est entré sans même frapper
Dans ma chambre
Il v’nait de lire dans l’journal
Qu’on le nommait Maréchal
Alors il nous quittait c’était fatal

Je l’ai r’conduit en carriole jusqu’à la ville
On m’a rendu mes choux-fleurs
Et mes cageots
Et sans émotion inutile
Sans pleurs et sans se dire un mot
On s’est quittés en vrais héros

A la maison la vie a r’pris sans aventure
Y a plus personne pour nous chiper des confitures
Le Général au bistrot
Avait planté un drapeau
Pour la patrie j’ai payé la facture

Je ne suis plus jamais retourné au marché
Mais quelques fois dans le ciel de la nuit d’été
On voit briller cinq étoiles
Et ça nous fait un peu mal
Oh n’achetez jamais un Général


Les chroniques sont aussi à lire


    Je ne parlerai pas.
    La boulangère prend sa retraite.

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